Ce n’est pas parce qu’une profession est essentielle qu’elle ne doit pas se remettre en question. Certes, il faudra toujours des géomètres-experts pour mesurer, bâtir, imaginer l’urbanisme d’aujourd’hui et de demain. Mais, dans un monde en profonde mutation, il est vital d’être en mesure d’accompagner les changements plutôt que d’avoir à les subir.

Si la question technologique, essentielle, a parfois tendance à occulter les autres enjeux, il est aujourd’hui impératif de prendre en compte la globalité des chantiers à mener: formation des collaborateurs, structuration des cabinets et définition des missions qui feront l’activité de demain. Ce n’est pas la première fois que les géomètres-experts auront à s’adapter, mais la vitesse des changements actuels impose une réflexion de fond, déclinée dans les pages de ce dossier résolument tourné vers l’avenir.

 

Les entreprises de géomètres-experts font face à des mutations environnementales et technologiques majeures. Déjà en tension en matière de ressources humaines, la profession se doit d’analyser ces nouveaux enjeux afin de s’adapter et d’être en mesure de relever les défis qui se présentent à elle.

 

S’il est une qualité que l’on retrouve depuis toujours chez les géomètres-experts, c’est leur phénoménale capacité d’adaptation. Cette aptitude s’explique par leur pratique quotidienne, qui repose sur un cœur de métier commun, la propriété foncière, agrémenté d’activités périphériques liées à leurs spécialités, au type de marché qu’ils traitent ou encore à leur lieu d’implantation Les géomètres-experts ont donc toujours dû et su faire face aux impacts des fréquentes évolutions des cadres juridique et réglementaire sur leurs métiers.
Cependant, d’autres mutations s’opèrent à mesure que le monde change. Le développement de nouvelles technologies modifie le rapport du géomètre-expert au terrain et élargit encore son champ d’actions. Si l’on ajoute à cela l’évolution environnementale et les impacts de la transition écologique, une vérité incontestable apparaît: le panorama des activités des géomètres-experts de demain est sur le point d’être profondément remodelé. Or, les tensions autour des profils de salariés des cabinets sont déjà fortes. En volume, puis que plusieurs milliers de postes seront à pourvoir à l’horizon 2030, mais aussi en compétences compte tenu de l’évolution des métiers. Les mutations annoncées vont accroître les besoins de spécialisation.
Quelles sont ces mutations? Comment vont-elles impacter les différents métiers de la profession? Comment s’adapter et identifier les leviers qui permettront de relever ces nouveaux défis? Cécile Taffin, présidente de l’UNGE, en est convaincue: «C’est aussi le rôle du syndicat que d’anticiper ces mutations, pour accompagner ses adhérents vers le changement».

 

Un «optimisme vigilant»

L’adaptation sera parfois brutale, et elle se fera au rythme vertigineux des mutations à venir. Dans ce contexte mouvant, il s’agit de se montrer «optimiste vigilant», notamment pour les petites structures, impactées par la baisse brutale de l’activité immobilière, qui devront s’adapter à la nouvelle donne. «Optimiste», parce qu’il y a une demande de plus en plus importante en volume de don nées géométriques ou géospatiales. Les bâtiments ont besoin d’être numérisés, renseignés, la digitalisation est partout. Or, pour mener à bien ces chantiers, il faut de la donnée géométrique, donc des professionnels de la mesure. La demande est croissante et le restera pendant encore de nombreuses années. «Vigilant», parce qu’on peut redouter qu’une part du chiffre d’affaires correspondant ne soit pas captée par les entreprises de géomètres-experts. En effet, d’autres acteurs, tels que de grandes sociétés de prestations d’ingénierie par exemple, s’emparent de ces marchés. Leur taille importante leur permet de s’y positionner plus facilement pour répondre à des marchés de plus en plus conséquents. Heureusement, il y aura toujours de la place pour les activités dites traditionnelles, faisant appel à des méthodes n’imposant pas de saut technologique.

 

Des équipes plurielles

Cécile Taffin prévoit que certaines activités vont se raréfier, que d’autres vont apparaître, l’enjeu selon elle est d’«avoir cette vision prospective pour donner des orientations aux entreprises de la filière». Elle estime qu’«il ne sera pas forcément préjudiciable de ne pas prendre le tournant technologique». La profession se partagera entre des structures à dominante très technologique et d’autres davantage spécialisées dans l’expertise juridique et le conseil. Apparaîtront également des équipes plurielles, composées de spécialistes sur chacun des sujets, car les projets d’aménagements, devenant de plus en plus complexes, imposeront de faire appel à des équipes pluridisciplinaires.
Les enjeux sont majeurs, cela risque parfois d’être difficile, mais la présidente de l’UNGE se veut résolument optimiste: «Les entreprises de géomètres-experts sont des acteurs incontournables de l’aménagement et de la transformation du territoire, ils se feront demain encore les garants d’un cadre de vie durable.»

 

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Dossier rédigé par Mélanie Biville Bindelli pour l’UNGE.
Ont participé à la réalisation de ce dossier :
Cécile Taffin (présidente de l’UNGE), Régis Lambert (président d’honneur de l’UNGE et membre de la CPNEFP), Lise Najab (chargée des territoires et de la communication à l’UNGE).
Dossier publié dans le mensuel Géomètre n° 2221, février 2024