Selon Régis Lambert, en charge des enjeux de formation au sein de l’UNGE, dont il est président d’honneur, la profession doit se décomplexer sur son pouvoir d’attraction et sortir de sa « zone de confort ».

PROPOS RECUEILLIS PAR AMBROISE BOUTEILLE

 

Vous êtes président d’honneur et en charge des enjeux formation de l’UNGE, comment percevez-vous les difficultés de recrutement de vos confrères ?

RÉGIS LAMBERT : Nous avons eu la chance d’avoir depuis longtemps des diplômes qui forment exactement à nos métiers, avec des jeunes disponibles sur le marché du travail. Mais le  professionnel qui se contente d’attendre la candidature du jeune diplômé au profil idéal, c’est fini ! Il faut maintenant accepter de sortir de sa zone de confort.

C’est-à-dire ?

R. L. : Varier les profils. Il faut que les géomètres-experts aient conscience que le champ des possibles est beaucoup plus grand que ce qu’ils imaginent. Pourquoi ne recruter que des jeunes ? Des personnes plus matures comprendront mieux les atouts du métier et feront preuve d’une bien meilleure motivation. Et, quand on n’a plus de candidatures de techniciens géomètres expérimentés, il faut savoir s’ouvrir en termes de diplômes, de métiers, de parcours de vie. C’est autant d’enrichissements pour l’entreprise.

Mais ces candidats ne maîtrisent pas forcément les compétences du métier ?

R. L. : Ce qui va compter, c’est la qualité du profil. La compétence technique spécialisée, on la transmettra au moment du recrutement, par la formation interne ou externe. Un énorme travail a été conduit par l’UNGE et les autres organisations de la branche avec l’Education nationale, l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa), Pôle emploi, l’Opco (1), les régions : tout un réseau d’organismes de formation spécialisés se développe sur le territoire. On a rénové en profondeur des diplômes et des titres de techniciens géomètres, pour les rendre accessibles par blocs en formation continue, aux demandeurs d’emploi et aux salariés. Tout cela est à disposition des entreprises de géomètres-experts. Les financements sont là, les employeurs peuvent même se faire accompagner par nos partenaires dans tout le processus de recrutement et de formation.

Mais c’est encore peu connu des géomètres-experts. Que diriez-vous à ceux qui hésitent à passer le pas ?

R. L. : Tous les témoignages de confrères ayant recruté des personnes en reconversion sont extrêmement positifs. Ça résout concrètement leur problème de poste vacant. Ils disent avoir fait une heureuse surprise en surmontant leur appréhension. Les géomètres-experts surestiment souvent la prise de risque. Bien conduit, un recrutement de demandeur d’emploi a probablement plus de
chances de succès que celui d’un jeune qui n’a pas forcément trouvé sa voie. Les géomètres-experts craignent de ne pas attirer les meilleurs profils, alors que les entreprises d’ingénierie et de travaux publics chassent sur le même terrain ? Ils doivent se décomplexer sur l’attractivité de leurs offres d’emploi. Une fois bien expliqué, le métier plaît vraiment. J’en vois la preuve tous les jours tant auprès des candidats que des partenaires de l’emploi à qui on présente nos métiers. Seulement, il faut faire preuve de pédagogie. On a constaté que, si un géomètre-expert se déplace pour expliquer le métier à un groupe de demandeurs d’emploi, alors on remplit la session de formation sans problème, et c’est autant de techniciens formés qu’on peut recruter ensuite.  Dans les offres d’emploi, il faut valoriser les atouts spécifiques de la profession, choisir ses mots pour être compris par le grand public. Et un entretien d’embauche, ce n’est pas seulement un candidat qui
se vend : c’est aussi une entreprise qui valorise la richesse de l’emploi qu’elle propose !

(1) Opérateur de compétences, organisme français agréé par l’Etat, chargé d’accompagner la formation professionnelle.

 

Dossier rédigé par Ambroise Bouteille pour l’UNGE.
Dossier publié dans le mensuel Géomètre n° 2210, février 2023