La troisième Matinale du foncier de l’Ain s’est tenue le jeudi 18 septembre 2025 à Bourg-en-Bresse, à l’initiative de l’UNGE Auvergne-Rhône-Alpes. Cette rencontre a réuni un large panel d’acteurs du foncier – élus, aménageurs, notaires, promoteurs, bailleurs sociaux, avocats, architectes, représentants de la profession de géomètres-experts – autour d’un constat partagé : les dynamiques foncières et immobilières locales sont marquées par de fortes tensions, qui appellent des réponses concertées.

 

Un marché sous pression réglementaire et économique

En ouverture, Philippe Renaud, président de l’UNGE Auvergne-Rhône-Alpes, a rappelé les objectifs de ces rendez-vous : dresser un état des lieux du marché et dégager collectivement des pistes d’action.

Les représentants institutionnels ont mis en avant un contexte de hausse des prix et d’instabilité réglementaire, qui complique la gestion foncière. La Ville de Bourg-en-Bresse et Grand Bourg Agglomération ont souligné l’importance de coopérer sur les grands projets d’aménagement et de réhabilitation. La SAFER Auvergne-Rhône-Alpes a alerté sur la perte annuelle de 400 hectares agricoles au profit d’autres usages, tandis que le CAUE de l’Ain observe une demande stable des particuliers mais une forte croissance des besoins en réhabilitation.

 

 

Des acteurs opérationnels confrontés à des délais et des coûts croissants

Côté opérationnel, les notaires ont insisté sur la nécessité de rigueur dès l’amont des projets, face à des successions complexes et des lotissements inachevés. La FNAIM de l’Ain relève un marché immobilier ancien très dynamique, mais une nette baisse des ventes de terrains à bâtir et des délais particulièrement longs pour les autorisations.

Le secteur de la construction reste marqué par une exclusion croissante des primo-accédants, une baisse des maisons individuelles et une pré-commercialisation insuffisante. Les bailleurs sociaux, tels qu’AIN HABITAT et AURA HLM, font état d’une explosion des demandes (+45 % en cinq ans), de coûts de raccordement multipliés et de difficultés à intégrer du logement social dans les petites opérations.

Les promoteurs rappellent, quant à eux, l’exigence accrue en matière de garanties, alors que la rareté du foncier et le poids des objectifs ZAN freinent la mise en œuvre des programmes. Les architectes soulignent la nécessité d’une formation renforcée sur la réhabilitation, afin d’éviter une perte de qualité patrimoniale. Enfin, la profession d’avocat met en garde contre une multiplication des contentieux et des délais judiciaires désormais extrêmement longs.

 

Les géomètres-experts en première ligne

Pour les géomètres-experts, le baromètre foncier présenté confirme un marché en tension, marqué par une faible activité dans l’Ain et une forte concurrence sur les marchés publics. Rachelle Guiller, présidente de l’UNGE 01, déplore la tendance des collectivités à privilégier le « moins-disant », parfois au détriment des compétences locales.

 

 

Un besoin de visibilité et de coopération renforcée

En conclusion, l’ensemble des intervenants s’accorde sur trois priorités :

– apporter plus de visibilité et de stabilité pour sécuriser les projets,

renforcer la coopération entre acteurs dès l’amont,

– et adapter les outils réglementaires et financiers (PLU, OAP, financements) aux réalités actuelles.

Cette troisième édition confirme l’importance de ces rendez-vous comme espace de dialogue et de co-construction, à un moment où les enjeux fonciers et immobiliers locaux n’ont jamais été aussi pressants.